Pour avoir une idée plus précise des transformations à l’œuvre, en termes de température et de pression, il faut aborder l’aspect microscopique par l’examen de lames minces : planche 5 .
La texture est granoblastique dans les leucosomes et lépidoblastique dans les mélanosomes.
Les leucosomes sont de composition principalement biminérale, quartz et oligoclase en mosaïque engrenée ; la planche 5 et son dessin interprétatif montre cependant le disthène, reconnaissable au double clivage (dont l’un fin et régulier, l’autre irrégulier disposé à environ 70°) concentré en prismes automorphes rangés au bord du leucosome, ou encadrés par des baguettes de biotite et parallèles aux lignes de foliation, marquées par les phyllites.
C’est également en bordure de leucosome qu’apparaît la muscovite en longues lanières flexueuses limpides, incolores ou jaunies par des impuretés (fer ?). Elles sont regroupées en faisceaux étroits épousant toujours étroitement la ligne de foliation, et accompagnées de fins liserés noirs de minéraux opaques.
Les mélanosomes sont fortement encadrés d’épais cordons de cristaux de biotite, disposés en fagots de 1 à 2 mm d’épaisseur, parfois accompagnés de sillimanite. A l’intérieur, on peut trouver quelques grenats aux formes arrondies reconnaissables au fort relief : planche 6 et dessin interprétatif.
Les lattes colorées de biotite et les prismes incolores et limpides de sillimanite, d’une fraction de millimètre de large, peuvent atteindre 2 à 3 mm de long et présentent des formes géométriques nettes, courbées, souvent imbriquées les unes dans les autres comme pour une marqueterie. Les fagots s’enroulent autour des charnières de plis en formant, pour les biotites, des arcs polygonaux. Toutefois les biotites ont été majoritairement recristallisées pendant la phase de mobilisation plicative, puisqu’elles ne sont pas déformées.
Planche 5 et dessin interprétatif. A gauche : lame mince en lumière naturelle. La photo montre la limite entre le leucosome (en haut à droite), avec ses grands plagioclases engrainés avec les quartz limpides, et le mésosome en bas à gauche, où subsistent de grandes biotites.
Planche 6 et dessin interprétatif. Bordure franche entre leucosome et mélanosome.
La paragenèse du mélanosome comprend ici les grandes lattes imbriquées de biotite avec nombreuses inclusions de zircon, l’almandin et le disthène, enfin la muscovite.
Il est possible de distinguer plusieurs générations de biotites, par les orientations des plans cristallins prises uniformément à l’intérieur d’un même « fagot » : ceci apparaît en lumière incidente polarisée, respectivement parallèle et perpendiculaire par rapport à l’axe de la photo, sur les planches 7. Les biotites rouge sombre ont leur clivage (001) parallèle au plan de polarisation du polariseur. A l’opposé, les lamelles de muscovite, qui se sont formées avant la fin de la déformation, présentent toutes des courbures. Nous n’avons pas pu identifier nettement la présence de fibrolite (sillimanite).
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(a)
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Planches 7. Photos de la même lame mince, en lumière naturelle polarisée parallèle (a) et perpendiculaire (b) par rapport à l’axe de la photo.
Noter également sur ces planches de comparaison entre deux polarisations croisées, la présence d’inclusions de zircons dans les biotites ; ils sont limpides, et à fort relief du fait de leur réfringence et de l’auréole sombre pléochroïque qu’ils créent dans le réseau cristallin perturbé de la biotite hôte.
Planches 7. Photos de la même lame mince, en lumière naturelle polarisée parallèle (a) et perpendiculaire (b) par rapport à l’axe de la photo.
Noter également sur ces planches de comparaison entre deux polarisations croisées, la présence d’inclusions de zircons dans les biotites ; ils sont limpides, et à fort relief du fait de leur réfringence et de l’auréole sombre pléochroïque qu’ils créent dans le réseau cristallin perturbé de la biotite hôte.
Planche 8 et dessin interprétatif. La fusion à l’œuvre dans le mésosome se traduit par la formation d’un chenal en forme d’ombilic, qui a regroupé le mobilisat par capillarité.
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