LES « MYSTERES » DES COULEES PRISMEES

Le phénomène de la coulée prismée, que tout un chacun a déjà vu au moins une fois dans sa vie de géologue, recèle encore bien des mystères, et en particulier :

• pourquoi et comment trois zones à l’intérieur d’une même coulée ?
• pourquoi et comment une limite plane entre la zone des orgues et celle de l’entablement de faux prismes (photos 1, 8 et 12) ? Le détail de la photo 26 montre le toit de la zone prismée, des sections de prismes parfaitement hexagonaux sont en contact direct avec cette « zone plane », mur de l’entablement.
  

Photo 26 – Coulée de Saint-Flour, contact entre la zone des prismes
et l’entablement de faux prismes.

J'attends vos propositions...

Première proposition :

Fabrice Digonnet, animateur scientifique à Vulcania, géologue spécialisé en Volcanologie.

Bonjour Mr Guillon, et tout d'abords merci pour avoir dédié un site Web sur ces superbes figures du volcanisme que sont les prismes et félicitation pour votre site qui, je trouve, est très intéressant. A la fin du site, vous demandez si quelqu'un peut expliquer pourquoi la limite colonnades/entablement est si nette. Je ne prétends pas avoir la réponse puisque je n'ai jamais fait d'études sur ce sujet, mais j'ai une petite idée qui me trotte dans la tête. Elle fait appel à la rhéologie, et trouve un écho à plus grande échelle sur Terre: la limite Manteau lithosphérique/Manteau Asthénosphérique. Cette limite Lithosphère/Asthénosphère et une limite thermique (isotherme à 1300°C), en deçà de laquelle les roches mantelliques ont un comportement rigide à l'échelle des temps géologiques, et au-delà de laquelle ces mêmes roches adoptent un comportement plus ductile (toujours à l'échelle des temps géologiques). Ainsi, la partie basale de la coulée, refroidissant plus rapidement que la partie interne, adopterait assez rapidement un comportement suffisamment rigide pour que les cellules de convection qui se forment ne soit pas déformées: les colonnes qui en résultent sont quasi parfaitement perpendiculaires à la surface de refroidissement. Par contre, étant donnée que la température augmente lorsque l'on va vers l'intérieur de la coulée, on pourrait passer un isotherme (que je ne connaît pas...) mais au-delà duquel la lave garderait son comportement ductile plus longtemps: les cellules de convection qui se forment à cet endroit sont donc susceptibles d'être déformées par des mouvements internes à la coulée en cours de refroidissement. Ainsi, tout comme la limite manteau rigide/manteau ductile est une limite thermique franche (un plan en 3D), la limite colonnade/entablement pourrait être le résultat d'un changement brusque de la rhéologie de la lave autour d'un isotherme particulier, d'où cette limite là encore particulièrement nette. Plus qu'une hypothèse, c'est simplement l'idée que je me fait pour l'explication de cette limite, puisque je n'ai pas de résultat d'expériences à l'appui pour étayer tout ça. J'espère que l'explication tombera un jour et que l'on saura ENFIN, pourquoi les coulées sont si belles... Encore merci, et bonne chance pour la suite. Cordialement.