Entretiens sur le métamorphismeCommission de Volcanisme
|
|||||||||||||||||||
3.2.Petits corps d’amphibolites.3.2.1. Des intercalations basiques métamorphisées dans la série cristallophylienne du bas-limousin. En parcourant d’ouest en est la région métamorphique, on observe dès le début, au sein des gneiss gris du Bas-limousin, puis des leptynites, des intercalations d’amphibolites. Elles sont rares au début, puis leur fréquence augmente, bien que leur étendue reste toujours modeste. Ces intercalations apparaissent comme des petits corps lenticulaires, de quelques dizaines de mètres de puissance dans l’axe de parcours, soit très localisés, soit étirés sur des centaines de mètres, voire plus, suivant un axe nord-ouest/sud-est (voir carte de la figure 8 du chapitre 1). Elles manifestent la présence de niveaux à caractères basiques, au sein des sédiments et des volcanites de la séquence d’origine, à caractère acide. Ces amphibolites sont des formations d’origine magmatiques, surtout volcaniques, associées aux grandes formations volcaniques de la série cristallophyllienne principale du Bas-Limousin. Comme les métamorphites de la région, elles ont subi tout ou partie du processus métamorphique. - les amphibolites issues sans ambiguïté de la rétromorphose des éclogites de la partie Est de l’anticlinal de Tulle. Le cas où les vestiges de l’éclogite sont encore observables a été traité dans le chapitre 5, traitant du métamorphisme de haute pression. - les amphibolites dites « banales », répandues partout dans les gneiss gris et les leptynites. Ce sont elles qui présentent la structure de lentilles très allongées. - les amphibolites de la mésozone et de la catazone, à reliques magmatiques évidentes. On a pu ainsi identifier un métagabbro et une métadiorite dans la partie ouest de la zone de gneiss gris, et retrouver des métadolérites et les métapyroxènolites signalées dans la notice de la carte géologique. 3.2.2. Description des différents types d’amphibolites.
La hornblende verte commune est très majoritaire, devant le plagioclase basique (andésine), et dans certains cas la biotite plus ou moins chloritisée. Le sphène est presque toujours présent, en très petits grains.
Dans plusieurs cas, les reliques de l’origine magmatique sont visibles et peuvent être exploitées pour identifier la roche d’origine. Sauf exception, ces roches sont foliées. Les échantillons 112 (affleurement sur la N89) et 609 (Chassoncet, canton de Beynat, échantillon fourni par Guy Chantepie, du GAGN.), tous deux prélevés dans la partie ouest de la vaste zone du « gneiss gris du Bas-Limousin », présentent une structure hétérogranulaire, grano-lépidoblastique, où les amphiboles allongées moulent les plagioclases et les quartz. Echantillon 112, Cliché 2. Il y a alternance de lits quartzo-feldspathiques et de lits d’amphiboles. Les intervalles sont plurimillimètriques. Les lentilles de quartz, moulées par les amphiboles, sont pavées de cristaux de taille supérieure à 0,1mm, souvent aplatis dans le sens de la foliation. Ils comportent des queues de recristallisation, témoins de la phase de foliation de cette amphibolite. Sur le cliché, un grand fuseau de plagioclase, maclé albite, est bien visible ; ses bords arqués sont en marche d’escalier. Grâce à la fraîcheur des feldspaths et leur taille, il a été possible de mesurer leurs angles d’extinction sur une dizaine d’individus présentant le macle de l’albite, Déterminé par la méthode de Michel-Lévy, au microscope polarisant. On en déduit un taux d’anorthite au moins égal à 50% : le plagioclase est proche d’un labrador.
Conclusion : la texture, la dimension des cristaux et la composition du plagioclase sont des indices convergents : il s’agit d’un métagabbro, dans lequel les pyroxènes ont été entièrement amphibolitisés.
La texture est aussi grano-lépidoblastique, les feldspaths ont été déterminés** : ce sont des andésines. Les cristaux d’amphibole sont bien formés, plus petits (de l’ordre de 0,1mm et moins). Ils ont été juxtaposés en pavages polygonaux par la recristallisation : cliché 4 pris sur une lame mince taillée perpendiculairement à la foliation et cliché 5 sur une coupe parallèle.
Suivant les indications de la notice de la carte géologique (feuille Tulle), l’affleurement de Ferrières a été visité : il donne un exemple assez exceptionnel de conservation du type éruptif d’origine, avec une texture porphyrique. Ce type d’intercalation est plus fréquent sur la région d’Uzerche (plus au nord) que sur l’anticlinal de Tulle. La roche est généralement nettement foliée et à grain très fin, et il serait difficile de reconnaître la dolérite d’origine s’il n’y avait pas, sur un court intervalle de quelques mètres, un bel affleurement montrant des plagioclases en phénocristaux. Le cliché 8 (échantillon 618) montre les reliques de grands feldspaths éruptifs à peine modifiés, sur un fond d’amphibole constellé de petites lattes de plagioclases entrecroisés
Métapyroxènolite. L’un des deux affleurements mentionnés par la notice de la carte géologique (feuille Tulle) a donné des échantillons massifs d’amphibole brune en gros cristaux centimètriques. L’examen en lame mince montre des cristaux automorphes millimètriques de pyroxènes orientés dans tous les sens, se détachant sur le fond constitué par les grandes amphiboles centimètriques, altérées.
3.2.3. Géochronologie des amphibolites. Le problème de la datation fait l’objet du chapitre 4. Toutefois, pour interpréter la présence des amphibolites il est utile d’anticiper en donnant l’âge moyen déterminé pour les amphibolites et les métadolérites du Bas-Limousin : il est de 350 MA, au tout début du Carbonifère, alors que les épisodes les plus intenses du métamorphisme régional sont largement passés. La formation des amphibolites serait contemporaine de l’anatexie transzonale, et de la surrection avec refroidissement lent de l’anticlinal. La diminution de pression s’accompagnant de la libération massive des fluides, les conditions seraient remplies pour l’amphibolitisation des roches basiques et ultrabasiques intercalées dans la région. Liste des échantillons prélevés et décrits δ 11. Amphibolites banales et métagabbros dans le gneiss gris du Bas-limousin ζ2. Prélevé à Chassoncet près de Beynat (fourni par Guy Chantepie). Poli et L.M. N° 609 a parallèle à la foliation et 609b perpendiculaire à la foliation. δ ρ 11. Métapyroxénolite de St Hilaire de Peyroux (au bord de la D141, à 500m au sud ouest) Poli et L.M 203. δ 11 θ. Métadolérite. Echantillon 618 prélevé dans le talus de la N 120, au nord du Puy de Ferrières.
|